Si l’addiction aux substances psychoactives licites (tabac, alcool), détournées de leur usage (médicaments, solvants...) ou illicites (cannabis, cocaïne, héroïne...) est bien connue, celle relative à certaines pratiques comme les jeux vidéo, les réseaux sociaux ou encore les achats compulsifs l’est beaucoup moins. Pourtant, elle traduit un même mécanisme cérébral, celui d’une dépendance, autrement dit d’une envie irrépressible et d’une incapacité à s’abstenir de l’assouvir, en dépit des conséquences néfastes sur sa santé et sa vie sociale. Et un point commun, la perte de contrôle.
Outre les facteurs individuels et le potentiel addictif intrinsèque des substances et des pratiques, l’environnement joue un rôle majeur sur le risque de dépendance. Et de ce point de vue, on peut dire que la crise sanitaire a largement contribué à favoriser les addictions ! Ennui (60 %), perte de repères et changement d’habitudes (55 %), angoisse liée à l’épidémie (50 %) ou inquiétude quant à leur avenir professionnel (42 %), les raisons invoquées par les Français pour justifier la hausse de leurs comportements addictifs reflètent toutes ce contexte si particulier.
Plus d’1/4 des fumeurs ont davantage fumé, 5,5 millions de Français ont bu plus d’alcool et 1/5e des accros aux anxiolytiques ou aux somnifères ont augmenté leurs doses. Une majorité de Français (55 %) a également passé plus de temps devant les écrans, en particulier sur les réseaux sociaux (38 %). Quant à la nourriture, elle semble avoir servi de refuge à 19 % de nos concitoyens, en particulier les femmes et les jeunes adultes, qui reconnaissent avoir mangé avec excès pendant le premier confinement*.
Des comportements qui ne sont pas sans conséquences : outre les risques immédiats (surdose, coma éthylique) et à long terme (cancers, maladies cardiovasculaires, troubles psychiques et cognitifs...) liés à certaines substances, le comportement addictif expose à des risques d’isolement, de marginalisation, de déscolarisation, de perte d’emploi, de séparation...