Hôpitaux : des milliers de postes d’infirmiers et d’aides-soignants restent à pourvoir

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Les décisions prises au cours du Ségur de la Santé pour remettre sur pied notre système de santé n’ont, semble-t-il, pas suffi à combler le manque d’infirmiers et d’aides-soignants dans les hôpitaux. Pour Sophie Marchandet, responsable du pôle Ressources Humaines Hospitalières de la FHF (Fédération Hospitalière de France), et Michèle Appelshaeuser, présidente du CEFIEC (Comité d’Entente des Formations Infirmières et Cadres), les moyens humains et financiers ne sont toujours pas à la hauteur des enjeux…

Une situation hétérogène

Malgré une hausse de 3 % des recrutements entre 2019 et 2022, 15 000 postes d’infirmiers et d’aides-soignants restent à pourvoir dans les hôpitaux français, selon une enquête menée en mai 2022 auprès de 400 établissements (CHU, CH, EHPAD), indique Sophie Marchandet.

La situation n’étant pas uniforme sur l’ensemble du territoire, elle ne permet pas d’apporter « une réponse une et unique », souligne la responsable RH de la FHF. « Dans les CHU, la situation est particulièrement critique au bloc opératoire où l’on manque d’Iade et d’Ibode (infirmiers de réanimation et de blocs opératoires), tandis que dans les CH, elle l’est davantage dans les services de médecine (gériatrie, médecine interne, psychiatrie) ; les EHPAD, quant à eux, manquent surtout d’aides-soignants ».

On observe également une disparité en fonction du lieu d’implantation des établissements avec davantage de difficultés pour ceux situés en zone rurale, en banlieue et dans les grandes métropoles où le coût du logement est élevé.

Un métier qui attire toujours autant

Des difficultés à mettre sur le compte d’un manque d’attractivité de ces professions ? « Non », assure Michèle Appelshaeuser. « Pour preuve, la formation d’infirmier reste la plus plébiscitée sur Parcoursup. » Environ 13 % des étudiants ne vont pourtant pas au bout. « Certes, mais on est encore loin des 30 % d’abandon que l’on observe pour l’ensemble des études supérieures. » Pour autant, ce taux de déperdition interroge : « Le métier reste très idéalisé alors qu’il est très exigeant et requiert une forte adaptation. Certaines dimensions du soin comme le toucher, le corps des personnes âgées ou très malades, ou encore le nursing peuvent dérouter de jeunes lycéens », analyse la présidente du CEFIEC.

En dix ans, les effectifs ont augmenté de 16 %. Mais cette hausse des effectifs masque de fortes disparités quant aux conditions d’exercice : +30 % en libéral et +8 % seulement dans le secteur hospitalier où les besoins ont explosé. Des chiffres qui témoignent d’une volonté d’exercer sans les contraintes inhérentes à l’hôpital, selon Sophie Marchandet.

Plus de moyens

Pour répondre aux besoins, le Ségur de la Santé a déjà augmenté les quotas de formation (+3 000) et les salaires (+20 % environ). Des avancées notables mais qui ne suffisent pas, estime la présidente de la FHF. « Il faut augmenter massivement les classes en formation, jusqu’à 60-65 000 étudiants. Mais pour cela, il faut des moyens matériels, économiques et humains pour recruter des enseignants et valoriser le tutorat ». De son côté, Michèle Appelshaeuser suggère de mieux informer les lycéens sur les métiers d’infirmier et d’aide-soignant et d’améliorer l’accueil des étudiants au sein des équipes soignantes lors de stages. Surtout, elle encourage à revoir les conditions de travail pour que la réalité ne soit pas déceptive.

Un appel que semblent avoir entendu certains hôpitaux qui multiplient les attentions envers les infirmiers et les aides-soignants : mise en place de politiques visant à améliorer la qualité de vie au travail, parcours de carrière plus attractifs, contractualisation des heures supplémentaires, partenariats avec des sociétés proposant des logements à loyer attractif... Espérons que cela répondra aux attentes de deux professions qui réclament une reconnaissance enfin à la hauteur de leurs engagements.

Fin du concours en soins infirmiers

Depuis 2019, la formation au métier d’infirmier figure sur la plateforme Parcoursup. Plus besoin de passer un concours pour intégrer un des 326 instituts de formation aux soins infirmiers (IFSI), l’admission des candidats titulaires d’un baccalauréat se fait via l’examen de leur dossier. Les personnes en formation professionnelle continue doivent, quant à elles, réussir deux épreuves : une présentation orale de leur expérience professionnelle, et un test écrit portant sur des questions dans le domaine sanitaire et sociale et sur des notions de mathématiques. Le cursus dure trois ans et forme chaque année 35 000 infirmiers (contre 32 000 en 2019). Ceux qui le souhaitent peuvent suivre trois années supplémentaires de pratique et postuler à un master d’Infirmier de Pratique Avancé (IPA).

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