Enfants et écrans, duo perdant ?

Smartphones, tablettes, jeux vidéo… Les écrans s’invitent de plus en plus dans notre quotidien : au travail, à la maison mais aussi à l’école. Faut-il craindre ou au contraire espérer pour le développement des enfants ? Le sujet divise, car si les effets et les dangers des écrans sont bien réels, un usage raisonné des outils numériques peut aussi offrir des opportunités éducatives nouvelles.

Un temps d’écran accru chez les enfants

Selon une étude Ipsos réalisée en 2023 pour le Gouvernement1, 96 % des enfants possèdent ou utilisent au moins un écran, qu’il s’agisse d’une télévision, d’une tablette, d’un ordinateur, d’une console de jeux ou d’un smartphone. En moyenne, ils y passent 1h19 par jour en semaine, et jusqu’à 2h07 le samedi et le dimanche. Des chiffres qui dépassent les recommandations scientifiques et qui témoignent de l’utilisation massive des écrans chez les jeunes en France.
 

Les enfants et les écrans : des impacts négatifs avérés

Plusieurs études montrent que la « consommation » excessive d’écrans peut avoir de lourdes conséquences sur la santé, le bien-être et l’avenir des enfants. Elle peut agir sur le développement du cerveau et l’apprentissage de compétences fondamentales.

« Les enfants exposés aux écrans le matin avant l'école et qui discutent rarement, voire jamais, du contenu avec leurs parents multiplient par six leur risque de développer des troubles primaires du langage (non dus à des handicaps ou à des pathologies) ». Ce constat est tiré d’une étude menée par Manon Collet, médecin généraliste, et publiée en janvier 2020 sur le site de Santé Publique France2.
Sur l’échantillon de 276 enfants âgés de 3,5 à 6,5 ans étudié dans cette enquête, 94,2 % des enfants avaient accès à la télévision, la moitié (53,5 %) à une tablette et un tiers à un ordinateur (32,4 %), une console de jeu (34,9 %) ou un smartphone (30,2 %). De plus, ces enfants ont été exposés aux écrans pour la première fois à un âge moyen de 12,4 mois. 

Selon une étude de l'Université de Calgary publiée en janvier 20193, les enfants d'âge préscolaire qui passent trop de temps devant un écran (soit plus d’une heure par jour) font partie de ceux qui présentent des retards et des déficits d'apprentissage à leur entrée à l'école. Les capacités d’attention et de concentration sont également diminuées. Par exemple, les plus âgés se laissent plus facilement divertir par leur téléphone au moment de faire leurs devoirs.

Par ailleurs, dormir avec son téléphone à proximité provoque davantage de troubles du sommeil. L’usage intensif des écrans agit aussi sur le comportement : la relation parents-enfants se détériore, la tendance à grignoter devant un écran accentue le risque d’obésité. La fréquentation régulière des réseaux sociaux, sans participation active, accroît les risques de dépression. Cela peut impacter négativement le développement émotionnel et l’estime de soi de l’enfant.
 

Comment réagir si un enfant a vu une image qui l'a choqué ?

À la télévision et plus particulièrement sur internet, difficile de contrôler les images auxquelles peuvent être exposés les enfants. Violence, pornographie, des contenus choquants peuvent arriver aux yeux des plus jeunes. 

Il est important que l’enfant puisse en parler, qu’il soit libre d’exprimer son ressenti. En tant qu’adulte responsable, vous pouvez l’aider à mettre des mots sur ce qui l’a choqué, lui expliquer que ce n’est pas sa faute et qu’il ne sera pas grondé (il pourrait avoir l’impression d’avoir fait une bêtise) et le rassurer. Vous pourrez ainsi lui expliquer pourquoi certains programmes sont inadaptés à son âge et bien lui faire comprendre l’importance des signalétiques de restriction d’âge.

Il peut être bon par ailleurs de l’emmener consulter un psychologue pour démêler la situation, notamment s’il a du mal à s’endormir, s’il fait des cauchemars, s’il perd l’appétit… Il est peut-être profondément perturbé par une image. 

Parents, pensez à installer un filtre de contrôle parental. Ce petit logiciel bloque les sites présentant des contenus réservés aux plus de 18 ans. En général, vous pouvez y ajouter une liste personnalisée de sites dont vous voulez bloquer l’accès. Gardez néanmoins à l’esprit que le dialogue et la vigilance restent primordiales.
 

Les écrans à l’école : quelles recommandations ?

Enseignants, pour maximiser l’impact positif des outils digitaux dans le cadre de l’école, il faut observer quelques consignes : 

  1. Limitez l’usage dans le temps pour minimiser l’effet des écrans sur le cerveau. Un enfant de classe maternelle doit utiliser au maximum une tablette ou un ordinateur pendant 30 minutes. Pour un enfant de classe primaire, l’utilisation devra être d’une heure maximum. 
  2. Jouez sur l’interactivité, qui est essentielle au développement de l’enfant. Utilisez la tablette comme un support pédagogique pour apprendre aux tout petits à manipuler des cubes, des jouets… et aux plus grands à chercher une définition ou une explication. 
  3. Lorsqu’ils grandissent, dès l’école primaire, éduquez les élèves aux dangers des écrans. Apprenez-leur à faire des recherches via des moteurs sécurisés, à chercher des sources fiables et à ne pas dialoguer avec des inconnus.
  4. Favorisez toujours le dialogue : les enfants ont besoin de vos conseils pour apprendre à bien utiliser les écrans. Pensez également à les questionner sur ce qu’ils ont vu et ressenti. 
     
Une BD pour accompagner les élèves vers un meilleur usage des « écrans »

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Réalisée par le CLEMI (Centre pour l’Éducation aux Médias et à l’Information) avec le soutien de GMF, la bande dessinée Dans la tête de Juliette est une ressource pédagogique, non moralisatrice ou dogmatique, pour les enseignants. Elle raconte l’histoire d’une adolescente, submergée par les sollicitations sur son téléphone, qui n’arrive pas à se concentrer alors qu’elle doit préparer un spectacle de théâtre. De la surcharge cognitive à l’identité numérique, en passant par le cyberharcèlement, de nombreuses problématiques sont abordées en images. L’objectif : aider les jeunes à prendre du recul sur leurs relations aux écrans et à les utiliser avec discernement.


En savoir plus sur la BD Dans la tête de Juliette
 

D’autres ressources pédagogiques utiles pour les enseignants

Chaque année, le CLEMI organise la Semaine de la presse et des médias dans l’École pour faire découvrir aux élèves l’univers des médias et leur apprendre à le décrypter. La 35e édition, du 18 au 23 mars 2024, aura pour thème « L'info sur tous les fronts ». L’occasion de mieux comprendre comment se fabrique l’information et d’apprendre à exercer son esprit critique face aux flux d’actualités. Enseignants, vous pouvez retrouver le programme et inscrire votre classe ici. 

Sur la problématique des écrans et la prévention des dangers d’internet, vous trouverez de nombreuses ressources sur les sites Internet sans crainte ou Educnum. Vous pouvez également contacter l’association e-Enfance, qui propose des ateliers de sensibilisation en classe dès l’âge de 6 ans.  

Enfin, GMF vous accompagne dans votre démarche éducative en vous fournissant des outils de prévention et des ressources pédagogiques en lien avec les programmes du ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse. Découvrez nos outils :

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GMF vous accompagne dans l'exercice de votre fonction

En tant que personnels de l'enseignement, vous méritez une attention particulière. Vous avez choisi de mettre votre vie au service des citoyens, il est indispensable que vous soyez protégé par quelqu’un qui vous connaît bien. Avec la GMF, découvrez nos offres d'assurances enseignant adaptées à votre vie personnelle et professionnelle.

1 Enquête Ipsos commanditée par le Gouvernement sur la parentalité numérique, janvier 2023
2 Santé Publique France, Bulletin épidémiologique hebdomadaire du 14 janvier 2020, « L’exposition aux écrans chez les jeunes enfants est-elle à l’origine de l’apparition de troubles primaires du langage ? Une étude cas-témoins en Ille-et-Vilaine »
3 Étude menée par l’Université de Calgary et parue dans JAMA Pediatrics, “Association Between Screen Time and Children’s Performance on a Developmental Screening Test”, janvier 2019

 

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