L’art : ces bienfaits que vous ne soupçonnez pas

À Montréal, les visites au musée peuvent être prescrites sur ordonnance(1). 48 % des seniors qui vont une fois par semaine au cinéma, au théâtre ou au musée réduisent leurs risques de dépression(2). Chanter dans une chorale peut soulager les personnes atteintes de maladies respiratoires(3). Alors, à votre avis, c’est vrai ou c’est faux ? C’est vrai, bien sûr ! À l’occasion des Journées européennes du patrimoine, découvrez les bienfaits de l’art sur la santé.

L’art-thérapie pour prendre soin de notre santé mentale

Dès l’Antiquité, l’art était considéré comme un processus cathartique : pour Aristote, la tragédie grecque permettait aux hommes de décharger leurs angoisses et leurs pulsions. Aujourd’hui, l’art-thérapie utilise plusieurs formes artistiques (la peinture, le dessin, la sculpture, la photo, la danse, la musique, mais aussi la visite de musées…) pour aider le patient à s’exprimer sans les mots. La créativité permet de communiquer ses émotions, raconter son histoire, traduire ses rêves… pour se sentir mieux dans son corps et dans sa tête. 
L’art-thérapie ne remplace pas la prise en charge médicale mais peut la compléter pour soulager le patient et l’aider à prendre soin de sa santé mentale. 

À qui ça s’adresse ?

Le spectre de l’art-thérapie est large. Elle peut être bénéfique pour toutes les personnes ayant besoin d’un accompagnement psychologique, par exemple :

  • Les personnes souffrant de maladies mentales : anxiété, dépression, traumatisme, troubles du comportement alimentaire, troubles psychiatriques…
  • Les personnes souffrant d’addiction
  • Les personnes en situation de handicap mental ou moteur
  • Les patients atteints de maladies graves (cancer, sclérose en plaques, Parkinson, Alzheimer, AVC…)
  • Les personnes marginalisées comme les SDF, etc.

Quels sont les bienfaits ?

La pratique artistique ou la confrontation à l’art contribuent à reconstruire la confiance et l’estime de soi, mais aussi à réduire le stress. À ce sujet, une étude allemande montre que la création artistique améliore les liaisons dans le cerveau, ce qui permet de réduire la sécrétion de cortisol, autrement dit, l’hormone du stress(4).

À l’inverse, le neurobiologiste et professeur au Collège de France Jean-Pierre Changeux explique qu’une œuvre d’art reflète de la lumière, ce qui permet au cerveau de déclencher une production massive de dopamine, l’hormone du plaisir(5). Cela permet donc de libérer les émotions… et de faire du bien !

L’art-thérapie peut également aider les personnes victimes de traumatisme et qui s’expriment difficilement par les mots (par exemple les enfants) à faire sortir leurs émotions et leurs souvenirs.
 

L’art contribue à la lutte contre les maladies non transmissibles

Au-delà du mental, l’art peut aussi être bon pour la santé physique. Un rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) paru en novembre 2023 montre que les activités artistiques, en complément des traitements médicamenteux et des soins, jouent un rôle bénéfique pour les patients atteints de maladies non transmissibles(3) : cancers, maladies cardiovasculaires, diabète, maladies respiratoires chroniques…

Par exemple, des études(3) ont prouvé que :

  • L’écoute de musique limitait les effets secondaires des traitements contre le cancer 
  • Les activités artistiques en salle d’attente pouvaient faire baisser la tension artérielle et atténuer la douleur pendant un court instant
  • La danse avait tendance à améliorer les scores moteurs des malades de Parkinson…

L’art, en plus de nous éblouir, peut donc contribuer à améliorer notre bien-être et notre santé tout au long de la vie.

 

Cap sur l’éducation artistique et culturelle dès la petite enfance ! 

À la mairie de Bordeaux, Chloé Beylat-Desbiailhs, chargée de mission éveil culturel et artistique à la Direction de la Petite Enfance et des Familles, et Marion Schock, responsable des publics au sein de la Direction Générale des Affaires Culturelles, travaillent de concert pour développer l’éducation artistique et culturelle (EAC) dès le plus jeune âge. Elles mettent en relation les structures de la petite enfance et les écoles avec des artistes ou des structures culturelles afin qu’ils imaginent ensemble une médiation culturelle adaptée aux projets pédagogiques de toutes et tous. 
Par exemple, Chloé évoque les visites petite enfance qui ont lieu deux à trois fois par semaine au CAPC, le musée d’art contemporain de Bordeaux : « À chaque nouvelle exposition, les équipes de médiation et les professionnels de la petite enfance confrontent leurs idées pour adapter les visites aux tout-petits ». 
Au niveau des écoles, Marion raconte qu’une « classe de CP a réalisé une fresque en respectant l’univers de l’artiste Guillaumit, puis a créé un rap avec le Conservatoire autour de cette œuvre ». Elle mentionne aussi un projet danse, dans le cadre d’une résidence EAC au sein d’une école maternelle, où une danseuse a proclamé un poème sur les parties du corps tout en dansant : « À un moment donné, spontanément, les enfants sont allés danser avec elle. C’était magique, il n’y avait pas besoin de verbaliser. Ils ont pu travailler sur l’anatomie d’une autre façon ! »
Pour Marion et Chloé, ces projets sont révélateurs : ils témoignent de la motivation des enfants face aux propositions artistiques et culturelles. Mais cela contribue aussi à développer l’écoute, l’empathie, la sensibilité, l’esprit critique et la confiance en soi. Des compétences psychosociales essentielles pour les aider à grandir et à se sentir bien dans leur corps et dans leur tête.

La Ville de Bordeaux fait partie des lauréats du concours « Notre EAC en 360 secondes » organisé par la Fédération nationale des associations de directeurs artistiques et culturels (FNADAC), en partenariat avec GMF. 
 

1 Source : Beaux-Arts, « L’art est-il bon pour la santé ? », 2019
2 Source : Cambridge University Press, The British Journal of Psychiatry, “Cultural engagement and incident depression in older adults: evidence from the English Longitudinal Study of Ageing”, 2019
3 Source : OMS, « Le pouvoir de la guérison : un nouveau rapport de l’OMS montre comment les arts peuvent contribuer à la lutte contre les maladies non transmissibles », novembre 2023
4 Source : Anne Bolwerk, Jessica Mack-Andrick, Frieder R. Lang, Arnd Dörfler et Christian, “How Art Changes Your Brain: Differential Effects of Visual Art Production and Cognitive Art Evaluation on Functional Brain Connectivity”, 2014
5 Source : Jean-Pierre Changeux, Du vrai, du beau, du bien, Odile Jacob, 2008

 

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